Un sujet sur notre collaboration avec le Bagad Kemper va être diffusé dans l'émission de France 3, "Des racines et des ailes" le 15 mai prochain. Le titre même de cette émission résume le sens de sa ligne éditoriale; donner à voir une forme dé-construite par le temps mais dont les codes et les repères restent contemporains et ouvrent de nouveaux possibles.
Ce travail que nous avons mené avec le Bagad dans le cadre d'un projet de médiation du festival Théâtre à tout âge où des ateliers de percussions furent initiés à l'adresse des enfants des écoles primaires de l'agglomération quimpéroise, traduit ce besoin que nous ressentons de vouloir le plus possible donner un sens à une démarche d'artisans musiciens.
Depuis toutes ces années, nous avons vu passé beaucoup de modes, reggae, Chanson réaliste, métal, fusion,grunge, celtique qui reviennent cycliquement au fil du temps. Aujourd'hui à travers de nombreux groupes planent les ombres de Joy Division, Daho (période Arnold Turboust), Art of Noise. Il y a de tous temps un besoin de se raccrocher au passé. La recherche à ce moment là, est elle musicale ou sonore? Est ce la mélodie qui compte ou alors la production, l'environnement?
L'évolution des musiques dites actuelles trouve ses origines dans l'électrification des guitares électriques dans le Blues. Ce son est à la base d'une révolution musicale où à partir d'une mélodie jouée sur trois accords on détermine un nouvel art de vivre, un profond changement de société. Ce phénomène est à l'origine de la naissance de l'industrie musicale. Nous sommes en tant que musiciens pétris de toutes ces contradictions entre sens, son, métier, bien que dans le fond tout cela ne soit qu'un grand baluche dans une salle qui s'appelle le monde entre un paso doble et une java.
Depuis quelques temps avec le groupe nous travaillons beaucoup le son, avec le Bagad et la puissance des 50 musiciens nous cherchons à le maîtriser, lui garder sa force tout en n'explosant pas les oreilles des auditeurs. Cette force est primaire, elle vient des sonneurs d'antan qui grâce à un instrument comme la bombarde pouvaient jouer sans sono. La guitare slide jouée sur des accords ouverts a certainement aussi un lien avec cette recherche d'un son puissant. Irina Klymenko, ethno-musicologue et chanteuse de Gourtopravci explique également que le chant traditionnel ukrainien est basé sur le cri. Ariel dans son studio de Harlem mixe beaucoup de hits, sa méthode s'articule autour du principe de la maîtrise des fréquences basses et du rendu d'un voix très frontale limite mono. Nous nous rendons compte qu'il est possible de faire ce type de rencontre avec un ingénieur new yorkais avec qui nous allons partager une expérience, notre culture de musicien de terrain et échanger en s'enrichissant mutuellement de celle-ci. Notre jeu évolue, nous gagnons beaucoup dans la compréhension du sens donné et de la direction prise depuis 20 ans.
Red Cardell s'applique à respecter cette direction prise sur le premier album, toutes les rencontres que nous avons depuis pu faire, les croisements d'origines et de musiques, nous amènent à penser de nouveaux projets, à introduire dans notre univers la possibilité d'autres moyens d'expression. Comment traduire un parcours de quidam qui baigne dans une culture traditionnelle et globale, et le conduit à se poser sans cesse la même question ? Comment mélanger le sel et le sucre, etc... ?
A Bientôt