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Le blog de Red Cardell

Le blog de Red Cardell

Ce Blog traîte de sujets décalés par rapport à l'univers du groupe en fonction de son actualité, à travers le regard d'un de ses membres sur son parcours de musicien dans un groupe Pop.


CLIMATIK

Publié par Red Cardell sur 16 Mars 2021, 15:15pm

Au printemps 2018, nous avons commencé à travailler sur notre nouveau projet avec le Bagad Kemper. L’idée était de poursuivre l’aventure et de changer le répertoire. Nous avons donc mis la machine en route, composé, écrit, répété, enregistré, produit pendant plus d’une année et créé le spectacle pour l’édition 2019 du Festival Interceltique de Lorient. L’album est sorti chez Coop Breizh en septembre et nous devions le défendre sur pas mal de grosses scènes en 2020. On nous avait même promis une belle Nuit de la Bretagne dans une salle de 40 000 places!!!!

Et là, une semaine avant, Patatras! Fin de partie!

Un an et demi de boulot mis en jachère, une boule d’énergie mise sous cloche. Le temps idéal pour sombrer dans les abimes en mode rythmique à la recherche du temps perdu.

Photographie Théo Elker- Graphisme Philippe Bargain

Photographie Théo Elker- Graphisme Philippe Bargain

Un autre monde tout à l’envers, affiche zébrée à la Villeglé par les déchirures, la colle, les années de concerts et de routes comme une sorte de questionnement sur le mur, la mémoire.

Alors oui! Un grand et long mur à contourner par la composition et l’écriture en un premier temps.

On apprécie ce temps suspendu qui nous permet de ne se consacrer qu’à la recherche d’idées musicales et puis on commence à s’emmerder. Non pas s’ennuyer, l’ennui c’est parfois pas mal, juste s’emmerder. On fait un truc, mais justement c’est pas ton truc! On se dit que tout ce qu’on a fait ne sert à rien puisque l’on ne sait pas si on va pouvoir le partager avec les autres. C’est quand même ça qui nous fait courir. A l’été, on est les seuls toujours en cale sèche.

Puis à la rentrée, comme la lueur d’un phare sur la crête d’une vague dans la tempête, une fenêtre pour se dire qu’il serait pas mal de proposer une version en places assises pour le groupe. On répète en studio et on enregistre tout ça. On filme aussi, on essaie de se dire qu’on rentre dans le champs du possible, puis là!

Patatras!

Tout le monde ferme, les cinoches, les restos et les bistros aussi.

Surtout ne plus faire la fête, ça tue!

De l’emmerdite à la colère il n’ y a qu’une fine épaisseur de papier à cigarette, mais bon, on est adulte, responsable,

le coeur mais la raison, un nouveau réalisme.

On se dit qu’on va mixer les morceaux et puis si cela nous va , pourquoi ne pas les sortir en album. On pourra comme cela donner de nos nouvelles, expliquer que si l’on disparu on existe encore un peu.

Il y a les réseaux sociaux bien sur, les médias, mais ça ne peut pas remplacer le cafconç avec les gens à deux mètres de toi, le gars ou la fille au bout du bar qui gueule « A poil ! », les copains qu’on croise sur la route, les organisateurs et techniciens qui nous accueillent, tout un lien social vital a été rompu. On est comme un cerf volant fou à la conquête d’une étoile, on barjote!

Photographie Laurent Hélou

Photographie Laurent Hélou

Même si on a toujours cherché du sens dans nos productions, il n’en reste pas moins que la scène est pour Cardell et depuis longtemps un lieu de défouloir. Un nombre important de nos concerts sont quand même un joyeux bordel dont nous préservons inconsciemment l’esprit, étant donné que cela reste avant tout de la musique populaire et surtout beaucoup de plaisir.

Alors pourquoi ne pas sortir en single de l’album le titre Petit bistrot. Nous avions créé ce titre en 2003. A l’époque nous étions dans une période de remise en question du projet. On a donc repris l’histoire au commencement, et on s’est motivé pour faire une tournée de petit bistrots. On a sorti l’album « Sans fard » en auto prod et envoyé des disques gravés avec la pochette en photocopie. Foulquier l’a reçu sur son bureau, a aimé, en particulier bistrot et nous a programmé pendant une semaine sur France Inter sur l’émission TTC.

L’idée avec ce titre était de faire un truc léger et dansant sans prétention, nous avions eu le bonheur de la reprendre sur le banquet de Cristal avec Thomas Fersen et Pierre Sangra, déjà à l’époque!

CLIMATIK

Vu que tous les bistrots et restos sont fermés, nous sentons bien que nous partageons un grand manque avec un nombre important de citoyens dévoués à la cause du Zinc. Il faut savoir exorciser nos peurs, ne pas se retrouver à communier pour deux gouttes de vin de messe.

 

« Red Cardell devrait être sur scène en train de foutre le bordel comme d’hab. Du coup on a pas pu. Alors on a fait les cons entre nous au studio. Red Cardell vous offre un album live studio acoustique. »

Pour résumer, voici l’idée du brain-storming avec la maison de disque. J’aime cette juxtaposition de mots qui conduit à traduire efficacement mais de manière un peu sommaire comme dirait Bobby Lapointe en parlant de sa guitare, le sentiment que nous ressentons à l’idée de vous offrir pour quelques jours en téléchargement gratuit ce nouvel album ici

Le 19 mars, il sera dispo sur toutes les plateformes.

En effet aujourd’hui on écoute beaucoup la musique en s’abonnant sur des plateformes de streaming. Les gens font comme ça, ils achètent pratiquement plus de disques.

Les revenus pour les artistes eux sont calculés diferrement, c’est le droit qui régit tout ça. Comme c’est pas le même en Irlande par exemple, ils vont tous en Irlande, La vie quoi! Enfin, c’est ce que je comprends…

J’imagine le prix du kilo de cochon divisé par 100 et nous vivrions dans un monde débarrassé de tous ses hôtels des impôts, Préfectures, Sous -préfectures, feux rouges et parcmètres, à la grande joie de Gaston et Jules de chez Smith mais au grand désarroi de Longtarin! Idées noires!

Alors c’est vrai que seulement quelques irréductibles continuent d’acheter des albums, là on sait! Quand on achète ton CD 15 euros, il y a un pourcentage pour les musiciens. Il suffit de Calculer.

En streaming, je n’ai toujours pas compris. Il va falloir un peu (beaucoup) de temps pour parfaire une formation en informatique, gestion, community management etc… Il y a des seuils à franchir de nombre d’écoutes ou de vues, un peu comme les impôts, mais à l’envers!

Ah licence globale, vieille chimère de femmes et d’hommes libres …

Le principe pensé par certains à l’aube des années 2000, les labels indépendants anglais par exemple, et ce qu’il avait d’intéressant, était que 50% de la taxe destinée aux créateurs perçue sur votre abonnement internet ou mobile, pour des écoutes et téléchargements gratuits était réinvestie dans la production. On peut le comparer  à des modèles comme le CNC pour les courts métrages et le cinéma, ou alors aux aides et subventions dont nous bénéficions pour enregistrer des disques ou partir en tournées de la part des sociétés de producteur, d’interprètes ou d’auteurs, et dont l’argent est justement issu de la rémunération équitable perçue dans les lieux publics qui diffusent de la musique par exemple.

Cela paraît assez complexe et je comprends, ne me posez pas une question sur les quotas de lait, on a beau m’avoir souvent expliqué…

 

Photo Visuel Théo Elker (Détail)

Photo Visuel Théo Elker (Détail)

Extrait d'un article du monde dans les archives du journal - 1989 -

 " C'est à cette occasion qu'on découvre à la télévision ou dans les magazines la stature imposante de François Hadji-Lazaro, "garçon boucher" en chef, et ses versions punkoides des ritournelles du pavé parisien ; l'incroyable mélange (jazz, flamenco, rythm'n'blues, musette et rai) qui fait le son des Négresses vertes, ou le rythm'n'blues parfumé aux essences méditerranéennes de Mano Negra. Ces trois groupes, comme Bérurier noir, les Satellites (prochains candidats à la signature avec un gros label) ou OTH remplissent depuis des mois, voire des années, les salles à travers la France et vendent plus de disques que beaucoup d'artistes établis.Ce succès s'est appuyé sur une multitude de structures, associations organisatrices de concerts, petits labels créés pour sortir les disques que les majors refusaient, fanzines qui font circuler l'information ignorée par la presse établie. Ces structures et leurs animateurs sont toujours là, bien sûr. Mais ceux d'entre eux qui pensent que le rock alternatif doit soutenir une démarche militante pour la recherche de nouveaux espaces sociaux (squats, lieux culturels), de lutte contre la précarisation ou d'antimilitarisme se sentent floués. Face aux alternatifs par nécessité, qui ont développé ou utilisé ces nouvelles structures parce que le show-business traditionnel les refusait, les alternatifs par choix ressentent comme une trahison l'arrivée des multinationales du disque, et encore davantage l'intérêt de l'Etat, en la personne du ministre de la culture, pour le rock (le Monde du 28 septembre 1989)."

Festival à Callac en 1987 avec Chihuahua, Parabellum et Los Carayos... et les Karroth Rapée :-)

Festival à Callac en 1987 avec Chihuahua, Parabellum et Los Carayos... et les Karroth Rapée :-)

 

Je me souviens vous avoir parlé dans mon Blog du coup de pied dans la mare du Rock alternatif fin années 80 ici et dix ans plus tôt ailleurs. A l’époque le problème auxquels étaient confrontés les petits labels indépendants concernaient la distribution des disques dans les magasins. Avec le formidable élan des cafés concerts les groupes alternatifs jouaient de plus en plus. Il y avait une demande des disquaires sur le terrain pour leurs albums. C’était néanmoins un métier à par entière incluant commerce, logistique et gestion de stock. Pas facile de devoir intégrer ce logiciel dans une philosophie libertaire et anti commerciale justement à laquelle se rapportaient la plupart des textes de chansons ou la ligne de conduite et l’indépendance limite dogmatique des groupes. Un compromis a été trouvé par beaucoup, certains ont répondu aux sirènes des majors. Un conflit est né au sein du mouvement. Mais toute cette réflexion, ces débats ont conduit les majors elles mêmes à opérer une mue. Nombreux managers et musiciens de cette niche du rock alternatif se sont retrouvés dix ans plus tard directeurs artistiques ou même à la tête de grosses majors. Le système s’est adapté, une nouvelle génération de musiciens a pu en profiter.

Puis avec la révolution numérique, tout est redevenu le nouveau monde de la révolution industrielle des siècles et des siècles!

Un monde tout à l’envers, le sourire extra bright, les télés crochets, un jeune président, des ministres de l’intérieur et les nouveaux autonomes, les années soixante dix de retour en attente d’un BBH 75 pour fissurer le mur ou d’un hygiaphone (prophétique non ? :-) ) pour te hurler dessus que c’est possible d’en faire un métier.

De la même manière certainement qu’une nouvelle génération trouvera un moyen de détourner ce système, parviendra par ses connaissances du terrain et de la toile à trouver d’autres moyens alternatifs de diffusion et qu’un public suivra. Cela naîtra au départ d’une autre vision de la société à travers les textes, la musique ou de l’engagement. On peut se référer même bien avant les années 80 au mouvement de chanteuses et chanteurs appelés « Rive gauche » ou à la vague pop-folk des années 60/70. En tous les cas, rien n’est figé, il y aura toujours ce rapport intime que l’on entretient en montant sur scène ou en produisant des disques, entre la posture et l’imposture, l’écriture, le sens, son interprétation, tout ce qui nourrit cet imaginaire au delà de l’esthétique, du goût et aussi du désir.

Quelque chose de sulfureux sans doute, d’immature aussi et de libre surement, un appétit de l’inconnu un besoin de le crier:

« C’est Red Cardell Bordel! »

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