Nous sortons un nouvel album avec le groupe. Celui-ci est particulier dans notre discographie, car nous avons répondu à une commande.
En juin 2012, lors du tournage de l’émission « Des racines et des ailes », nous avions pour la première fois rencontré Pascal Jaouen, qui souhaitait en tant que « fil rouge » de l’émission faire découvrir notre travail avec le bagad Kemper. Nous venions de créer Fest- Rock et de sortir l’album « Falling in love » mixé à Harlem dans un temple du Hip Hop. Il nous fit part de son envie de créer une musique originale pour le prochain défilé de sa nouvelle collection prévue en 2014. En 2013, nous avons commencé avec le Bagad à travailler sur le projet. Nous devions suivre un synopsis écrit pour l’occasion par pascal et son équipe, autour d’une cérémonie organisée pour célébrer la Bretagne. Les deux couleurs noir et blanc symbolisant un signe de reconnaissance aujourd’hui visible dans le monde entier lors de rassemblements divers et festifs comme, par exemple,les évènements sportifs. Ces deux couleurs ont donc inspiré Pascal pour cette nouvelle création.
La musique suit une trame décomposée en plusieurs tableaux composés chacun de plusieurs mouvements : allégorie de la Bretagne, ouverture des cinq continents, Bal, Gwerz et Clubbin pour le final entre autres. Nous avons avec Steven Bodénès traduit tout cela en essayant de faire correspondre aux modèles des musiques traditionnelles des différents terroirs, d’autres ambiances et atmosphères. Imaginer une Bretagne aussi influencée par la musique des Sœurs Goadec que celle de Marquis de Sade. Cela correspondait tout à fait à trouver les ponts entre tradition et modernité. Comment respirer une musique que nous pratiquons et écoutons depuis longtemps dans une sorte de matière composée de tous les créateurs qui œuvrent depuis toujours pour un art populaire. Nous sommes privilégiés en Bretagne, car nous pouvons de plus en plus croiser nos expériences avec des artistes d’ici et d’ailleurs, ouverts à d’autres cultures, ouverts sur le monde mais également entrepreneurs et dans l’action. Cela nous permet d’exprimer des idées, des désirs, mais également de faire des choix personnels bien marqués. Nous avons cette chance depuis la naissance des cafés concerts dans les années 70/80 de jouer, rencontrer du monde. Le discours a évolué avec la professionnalisation de tous les secteurs économiques rattachés à la musique et à la « culture bretonne » au sens le plus large. Si tout est loin d’être parfait, il n’en demeure pas moins que beaucoup de choses peuvent être imaginées et réalisées.
Enregistrement lors de Chorus sur Antenne 2
Pour ce projet, à la demande de Pascal, nous avons travaillé sur des figures imposées.
Violon, Accordéon, Gwerz étaient désirés par le créateur. Nous avons donc fait appel à de nombreux invités : Thomas Moisson, Pierre Sangra, Pierre Stéphan, Ronan Le Bars et Armel an Hejer par exemple.
Nous avons avec le bagad chercher une continuité avec le Fest-Rock, tout en laissant aussi des plages plus libres où se mélangent, Rock, électro et chanson Française. Les influences vont de Peter Hook de Joy division et New order à Higelin époque « Grabouif ». Pour cela nous avons travaillé dans de nombreux lieux différents. Pour des raisons pratiques, mais aussi plus personnelles. Si la prise de son d’un bagad nécessite un studio mobile, une trentaine de micros, je peux, par exemple, faire guitares, banjos et mandoline à la maison. Nous mixons ensuite l'ensemble. Manu peut également produire ses parties instrumentales dans son studio. Nous travaillons de plus en plus de cette manière, c’est une autre façon de jouer ensemble, on s’envoie les fichiers par mail et jouons et rejouons dessus. Depuis quelques années ça devient même une façon de faire qui nous pousse, pour demain, à penser retourner ensemble dans une salle de répétition, ne rien avoir préparé et se mettre à jouer tout simplement, improviser surtout. C’est une bonne base pour un projet futur.
Enregistrement des caisses claires du Bagad Kemper au Chausson pour Falling in Love
Nous recherchons aujourd’hui à traduire tout autant des émotions personnelles vécues que d’imaginer une sorte de possible. Notre ambition se limite à nos compétences et la musique populaire nous offre un cadre qui nous permet beaucoup de choses. La haute couture est elle, un domaine bien plus précis et se situe sur une toute autre échelle. La maitrise de la broderie de Pascal et son rayonnement nous rendent admiratifs. Nous n’avons qu’un tout petit rôle à tenir, celui de lui rendre à travers la musique ce qu’il nous apporte par sa confiance.
C’est donc un album très conceptuel, écrit en totale liberté. 1h05 de musique instrumentale, mais aussi quelques chansons, dont un Rap « 125th » écrit par les New Yorkais de Tanya Morgan à partir d’une gavotte montagne. Ce titre traduit bien notre envie d’ailleurs et de renouvellement.
Nous avons assisté dimanche à la première des défilés de la nouvelle collection. Nous nous retrouvions pour la première fois dans une telle ambiance. Beaucoup de monde en coulisses, modèles, coiffeurs et maquilleuses, les couturières, mais aussi presse, appareils photos et caméras. Une tension bien-sur, mais quand même tout cela dans la bonne humeur. Nous avons pu mesurer l'ampleur du travail de Pascal Jaouen, et imaginer combien cela obéit autant à la rigueur de cet art qu'est la broderie, qu'à l'inspiration du créateur. Nous étions bien intimidés et avons ressenti un peu la même choses que dans un concert et rassurés à la fin des défilés que la musique puisse correspondre. Si nous devons encore modifier deux trois petites choses, elle a reçu un très bon accueil. Maintenant d'autres défilés sont prévus et nous souhaitons à Pascal et toute son équipe, le meilleur!
Pour le moment très bonne écoute d'un disque dont je suis très fier
A Bientôt