Nous jouons vendredi à la fête de l'Humanité, cela me rappelle quelques souvenirs...
Ma première fut en 1978, j'avais 15 ans, mes parents m'avaient laissé y aller chez une amie dont le père, militant et syndicaliste, jouait souvent à la pétanque avec moi au camping des pins à Locquirec. Avec mon pote Yann, qui lui connaissait déjà, je découvrais enfin Paris! C'était en effet la première fois de ma vie que j'allais à la capitale. La tête d'affiche de cette édition était Génésis que Peter Gabriel venait de quitter peu de temps auparavant. Je me souviens du show avec les lasers, de Phil Collins racontant en français sa version du petit chaperon rouge et d'une foule estimée à l'époque à 240 000 personnes. Tout le monde était assis car le show était très rock progressif, l'ambiance était assez hallucinante pour un gamin comme moi. Du son, de la lumière et des odeurs comme vous pouvez vous l'imaginer. 6 ans auparavant les Who s'étaient produits là, et tous les militants rencontrés en gardait un sacré souvenir, un truc de fous disaient ils.
Il y avait plein de scènes régionales où se produisaient également des artistes renommés: Areski-Fontaine, Ganafoul, Nougaro sur la scène sud ouest, trop petite pour accueillir la foule et dont le concert fut transféré sur la grande scène le dimanche soir.
C'était mon premier vrai festival et je garde le souvenir d'une grande kermesse colorée avec des jeunes militants cherchant à te faire adhérer au parti. C'était l'époque du programme commun qui s'était fait battre aux dernières législatives. Georges Marchais était premier secrétaire, le parti faisait pas loin de 20% aux éléctions, le mur était debout, la droite au pouvoir depuis 20 ans. On te traitait de gauchiste quand tu critiquais la maison rouge tout en épousant les idées progressistes. Bref à 15 ans, tout cela était vraiment excitant, refaire le monde semblait possible, le punk déboulait, Dylan avait 37 ans, on était des babs avec les vestes de quart de la Royale rachetées chez les fripiers brestois. Bref sans être nostalgique, on s'amusait bien.
L'année suivante j'allais pour le week end chez un copain à Deuil La Barre, et assistait au concert de Téléphone avec ses masques d'hommes politiques et l'orage suivi d'une grosse averse le samedi en fin d'après midi. Le soir c'était Lavilliers et "C'est le délire".
Mais surtout je me souviens du concert de Mama Béa Tékieleski sous un châpiteau gavé le dimanche soir. Un des plus beaux concerts qu'il m'ait été donné de voir. Un son super, une ambiance de folie, une présence... Heureux d'avoir vu ça, je le mets parmi mes plus grands chocs musicaux avec Leprest lors d'un Pollen, Bashung au Bout du Monde et Neil Young cette année aux Charrues. Ce fut là ma dernière édition comme festivalier, nous y sommes revenus avec le groupe en 1998 sous un petit chapiteau de la CGT. Il pleuvait beaucoup et je me souviens que sur une autre scène juste à coté jouait un groupe que nous ne connaissions pas, mais dont 600 ou 700 fans bravant la pluie reprenaient les chansons par coeur. C'était Tryo. Nous n'avions pas pu voir d'autres concerts car nous prenions la route aussitôt après.
Nous sommes donc de retour 15 ans après, cela va me faire drôle, car beaucoup d'autres souvenirs reviendront sur place, je l'imagine. Nous jouons sur la scène Nord, vendredi 13 à 20 h 30. Ronan le Bars sera avec nous.
A Bientôt