Comment vous en parler ? En mode plaintif ? Résigné? Dépressif? Ou alors combatif, serin, rationnel… Quel bordel, c’est Red Cardell!
Juste changer de place, se situer dans une autre sphère à « l’envers de l’hiver », se prémunir des conditionnels dans la cour des écoles communales. On peut toujours chercher à comprendre, analyser, etc.. Je n’ai pas trouvé de réponses, j’aurais même plutôt tendance à me sentir en mode patelle collée à son rocher en pleine première dépression de fin d’année, souvent en novembre, sous les coups de boutoirs de la houle venue du nord Irlande! Ce n’est pas que la situation soit vraiment inconfortable, car le schiste local est plutôt résistant et tendre, mais la question de la sortie de l’hiver se pose déjà!
Si mes amis les phoques venus des sept îles ou de la Méloine, eux, savent parfaitement s’adapter en chassant le bar dans les rouleaux, mon collègue Cormoran, lui, en est réduit à chercher ses proies dans le port à l’abri de la houle, quand l’eau troublée par le sable en stagnation qui peut ici encore se déposer sur le fond, laisse deviner une sole un peu trop téméraire.
Nous y sommes, une vraie tempête en plein été des festivals de la sardine, de la saucisse, du melon, de la patate ou de la langoustine, on est comme les cormorans, plus rien à se mettre sous le bec. Tellement fatigués à chercher dans l’eau trouble un truc que l’on ne verra jamais tant que ce foutu anticyclone ne vienne depuis son archipel dessiner sur la carte météo une courbe plus amicale.
Alors on se demande si l’on sait encore jouer de la musique, chanter, nager, plonger, bien voir aussi… On en a rabotté du cailloux, bouffé des miles, vu des paysages, séché nos ailes sur les bancs de sable à marée basse, tombé des masques comme le crustacé qui mue ou quand le prédateur devient la proie. Fragile…
Alors mieux vaut il bien se cacher et se mettre à l’abri ou alors participer au grand bal?
On nous a inventé des baies virtuelles ou les réseaux d’eau douce se jettent dans la mer, des mascarets ou viennent surfer sur un air des Beach boys les nouveaux chevaliers aux chevelures d’or et de sel.
On nous sonne la récré. Le maître, en blouse grise au milieu de la cour, grille sa Gauloise sans filtre. L’odeur du tabac brun épouse celle de l’huile des friteuses de la cantine. C’est vendredi!
Le nom d’un bon copain quand on sent un peu seul. On sait pas vraiment d’où il vient, mais il nous a manqué.
On va rester là à attendre mais la cloche ne sonne pas, on ne reprend pas la classe.
Le hussard qui harcèle le grognard n’est plus qu’un morceau de pierre qui raconte notre histoire. Le son sourd de la neige blanche que sillonent les roues du traineau de l’empereur vient souffler à l’oreille de Dylan un conte d’un nouveau genre et l’orgue de Kooper.
On voudrait mieux voir, entendre, sentir, gouter, toucher, être un oiseau de mer, savoir voler, nager et plonger, avoir les pieds palmés. Comme dans une chanson d’Annie Cordy à la télé sous Giscard, avec la chorégraphie bien sur. Un truc d’aujourd’hui quoi! Ça ferait un bon post avec des millions de vues, ça peut plaire à Rockefeller!
On en finit plus de monter et descendre comme la mer et jamais aux mêmes horaires toujours ce mouvement de la terre, penchée, qui tourne comme un verre à moitié vide à moitié plein, on ne sait plus très bien. Mais bon, c’est la récré! Alors il faut quitter la chaleur d’une classe en préfabriqué, un après midi ensoleillé d’automne, quand l’été nous rejoue le grand sommeil en mode thème ou version, au choix.
On se retrouve dans la cour avec les copains, et on réinvente les règles de conjugaison, de calcul, on aime bien les poètes, on comprend que eux souvent ont le droit de se le permettre.
On joue au ballon, on se colle quelques gnons, puis on se met à se raconter des histoires, on ment comme des arracheurs de dent, on pratique l’ennui comme une science, on frime.
Ça fait naître des vocations, moi je sentais bien dans la petite école du bourg à Plougras le coté Rock’n Roll que les anciens appelaient Plinn, ça se mélange bien.
Comment juste en faire une belle sole, bien planquée dans le sable à l’abri d’un Cormoran affamé, et qui pourrait éviter de se la radoter: « si j’aurais su, j’aurais pas venu ».
A Bientôt!!!!