Festival Interceltique Lorient, Espace Marine, 09/08/2019 - Photo Vonnic Bulteau
Je vous en parlais déjà depuis plusieurs mois, notre nouveau projet a enfin pris forme vendredi 9 Août au Festival Interceltique. NERZH, qui signifie puissance, énergie, dynamisme en breton. Le travail a commencé au printemps 2018, le Bagad préparait alors son 70 ème anniversaire, et nous a proposé de réaliser ensemble un nouveau spectacle, 7 ans après la première création dans le cadre du Festival Tata: Fest-Rock. Nous avons commencé à partager des sons. Steven Bodénès m'a fait écouter des thèmes de mélodies sur lesquels nous devions réaliser des arrangements, basse, guitare-violon, batterie. Nous avons procédé de la même manière que pour le Fest-Rock, chercher à respecter les cycles correspondant aux danses et mélodies, trouver une respiration qui corresponde à la puissance sonore dégagée par la réunion des deux ensembles.
A la différence de la première expérience, nous sommes partis de mélodies composées et arrangées par le Bagad puis avons créé des oeuvres originales. Le bagad a changé depuis quelques années de tonalité, du Si bémol au Do. Nous passons alors du majeur au mineur, devons nous adapter à un autre style d'écriture pour les chansons, et travailler d'autre suites d'accords pour harmoniser les thèmes. Nous commencions d'ailleurs par cette dernière étape pour construire les lignes harmoniques et dessiner les contours de chacun des titres. On procédait par "étages", construisant une esquisse tout d'abord à partir d'enregistrements audios et midi fournis par le bagad. De mon coté, j'essayais de trouver des mots composant des phrases s'intégrant dans chaque motif. Cela nous donnait ainsi une direction où nous pouvions échanger avec Steven sur la pertinence de telle ou telle proposition et chercher ainsi le compromis nécéssaire pour faire évoluer le titre.
Un visuel créé par Laurent Le Guilloux à partir de notre idée de 3D, et du thème des textes traitant de l'adolescence, un petit clin d'oeil aux Rap et musiques urbaines d'aujourd'hui.
Avec Cardell, nous avons alors répété en quatuor pour chercher un son, une production artistique. Nous avons souhaité resté très minimaliste, en insistant sur la rythmique pour ne pas rajouter trop d'information à une source déjà très riche en arrangements et en virtuosité. Nous avons répété à raison d'une semaine par mois à partir de septembre 2018 pour conclure en février de cette année par un enregistrement en studio de l'album éponyme. Steven validait chacune de ces étapes, nous fournissions régulièrement les maquettes en sortie de répés, et les faisions également évoluer, chacun d'entre nous, sur nos ordinateurs et logiciels respectifs afin de fignoler du mieux possible le rendu final.
Début de la première répétition en ensemble le 12 juillet. Une forme de concert de 4 heures, pas le choix pour moi au chant vu le volume sonore. ce n'est pas qu'un travail de mise en place ou d'arrangements, c'est aussi un exercice où il faut rechercher le mouvement, l'homogénéité des deux ensembles, pour contrôler cette énergie de dingue!
Nous avons répété deux fois en formation complète, une en juillet et l'autre la veille du concert de Lorient. Cette dernière fut une sorte de "sprint" de 3 heures, sans interruption. Steven dirige les deux ensembles et doit indiquer par des signes les différents mouvements, il nous faut le regarder en permanence, car parfois on change le nombre de thèmes, c'est au feeling, j'ai souvent le défaut de changer des trucs sans prévenir personne, mais Steven le sait, il se moque un peu de moi d'ailleurs, en tout cas il l'a intégré dans sa conduite de l'ensemble...
La set-list écrite la veille du concert de Lorient. Les titres ont tous changé de nom au fur et à mesure de l'avancement du projet, pour s'y retrouver, on a repris les originaux. Pour le concert on a repris trois titres de Cardell et un du Bagad, ainsi que deux créations du bagad non présentes sur le disque, un tour et une mélodie.08/08/2019
J'ai commencé la finalisation de l'écriture des textes en janvier. Néanmoins le premier titre, un nouveau monde, fut écrit dès le mois de mai. C'est une composition de Steven dédiée à ses enfants, j'ai écrit un texte pouvant correspondre à ce thème selon ma sensibilité . Cela m'a ensuite orienté pour les autres, le passage de l'enfance à l'âge adulte, l'adolescence, le rapport au temps à son interprétation, le regard que l'on porte sur l'évolution des relations avec l'autre. Des thèmes qui se traduisent à notre époque tant par l'évolution galopante des technologies que par une certaine angoisse devoir notre planète laissée à la merci de nos fantasmes de sur-consommateurs...
Le dernier des Mohicans, un livre de mon enfance, l'idée du nouveau monde...
Je me souviens ado avoir recopié sur des copies d'école les articles de la déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789, et les avoir affichés sur les murs de ma chambre. J'aimais l'Histoire, et cette période m'avait marqué, certainement tout cela était lié à mon éducation, à l'interprétation que je pouvais faire du monde des adultes qui m'entourait. Une sorte de mélange entre protection et réflexion, et déjà ce sentiment de fébrilité lié à cet inconnu qui nous attend. Indien, comme un hommage au Dernier des mohicans, un livre dévoré à l'adolescence, Sur la dune et les premiers émois amoureux, Désert et désir inspiré par ces parkings de zone commerciale ou de centre ville colonisés par les scooters du dimanche, Un grain comme le regard que le peintre pose sur un paysage et peut le traduire à sa propre image, en faisant et défaisant, Nerzh comme cette quête née pendant les Fest-Noz de mon enfance à Pen an Ru à Lannion de comprendre le son d'ici pour traduire un lieu, une appartenance, une communauté, des paysages, le souvenir comme métaphore du présent.
Un Grain sur Plestin vu de Locquirec, un titre du concert et de l'album, comme un hommage au tableau d'Eugène boudin du même nom
J'écoute beaucoup de folk-rock. Dylan, Neil Young et tant d'autres sont des maîtres pour moi depuis tout petit, sur cet album, à l'image de Trois sorti en 97, j'essaie de "parler-chanter" pour trouver comment exprimer et partager sur une scène ou sur disque tous ces sentiments parfois contradictoires qui nourrissent ce petit univers que l'on se crée tous à un niveau plus ou moins supportable. J'ai beaucoup utilisé la prose pour essayer autre chose, me permettre, je l'espère de pouvoir encore évoluer dans mon écriture. La scène est une forme d'exutoire, elle est le lieu où l'on peut justement libérer son concentré d'énergie accumulé au quotidien. Cela s'appelle Nerzh, un grand merci au Bagad Kemper et à Très Tôt Théâtre, pour cette belle rencontre.
Sinon, l'été fut riche en beaux concerts et belles rencontres. Si l'été dernier avait été placé sous le signe des feux d'artifice, celui de cet été le fut sous celui des "vieux métiers", un très bel accueil à l'Île d'Olonnes et keranguic à Baud, un Gouel an Eost très rock, un beau concert à Plénée Jugon.
Un beau clin d'oeil du photographe et de notre fidèle éclairagiste Ludo pour le premier album "Rouge" à Gouel an Eost, Plougoulm. 11/08/2019
Nous allons encore bien nous promener jusqu'à mi novembre, il sera alors temps de penser à notre nouvel album...
Hep diskrog! comme vous le dites si bien.