Nous allons nous rendre à Sydney ce week end. Nous y jouerons à l’invitation du comité régional du tourisme de Bretagne dans le cadre d’une opération de promotion de la région. Nous donnerons un concert le 27 novembre.
Nous avons pas mal voyagé depuis les débuts du groupe. Le premier pays visité fut la Belgique pour l’enregistrement de nos deux premiers albums, entre temps nous jouions surtout en Suisse ou en Allemagne. La première destination lointaine fut la Finlande en 1997. Nous produisions l’album 3 à Bratislava, quelques années seulement après la chute du mur et la fin de la Tchécoslovaquie. L’ambiance était encore assez sombre, en tout cas nous le ressentions comme tel. Nous devions communiquer en langue anglaise, et cela n’était pas si simple… Nous enchainions cet enregistrement avec deux concerts en Finlande, le vol était au départ de Vienne en Autriche, et nous étions très joyeux à l’idée de partir chez les Lapons. Le voyage fut très sympa, on se détendait dans l’avion après des jours de studio studieux, nous étions un peu euphoriques et arrivâmes à Joensuu dans la soirée, enfin, il faisait jour comme en plein après midi… D’ailleurs comme on était au mois de juin, il faisait jour tout le temps ! Nous avons retrouvé nos copains de la technique sur place, ainsi que plusieurs musiciens bretons à l’affiche du festival. La nuit fut courte ou longue, on ne sait plus puisque c’était le jour. Nous avons pu profiter du paysage, des lacs, du sauna traditionnel, et surtout des moustiques !
Nous avons cherché à voir des « nours », mais rien, si nous avons aperçu la Russie de l’autre coté d’un lac au Loin.
L’autre voyage marquant fut bien sur l’Ukraine, et toutes les villes dans lesquelles nous nous sommes produits. Kiev, Donetsk, Simferopol, Karkov, Lviv, Donetsk, Ivanov Frankysk etc…
Le pays venait de connaître sa révolution orange. Il y avait une superbe atmosphère, les gens se confiaient, nous sentions une parole libre chez nos hôtes issus des milieux artistiques et intellectuels ukrainiens. En même temps nous vivions une certaine âpreté et la pauvreté de la rue au quotidien. Il y avait de nombreuses traces de l’ère soviétique, en particulier l’architecture ou les monuments des grandes villes à la gloire des grands personnages et évènements de cette période.
Si le plupart des personnes rencontrées ne regrettaient pas les temps passés, il y avait quand même les questions des salaires, de la santé publique, de corruption qui se posaient. L’espoir né de la révolution orange semblait pouvoir changer la donne. Nous avons fait de nombreux voyages les années suivantes et avons suivi l’évolution et la déception de nos amis face à l’impossibilité de changer en profondeur le quotidien.
Nous n’étions pas dans le jugement, car nous sommes, nous-mêmes, dans les démocraties occidentales confrontés à ces problèmes entre la morale et le pouvoir politique et économique. L’histoire éclaire l’actualité, elle est ce baromètre qui indique les changements de temps, et cela en prend du temps justement.
Et si nous allions faire un tour à New York ? Notre premier voyage fut à l’invitation des bretons de là bas. Là c’est le grand film de Cinéma ! On est pas vraiment dépaysé puisque nous connaissons les rues, la gueule des taxis jaunes, le son des sirènes de flics et de pompiers, l’accent de Popeye dans French connection en VO, les footings de Rocky, et avons écouté les chansons du grand Youenn ! A New York, on marche beaucoup. C’est comme dans beaucoup de grandes villes, la meilleure manière de la découvrir. Le Times Square des touristes, Harlem et la 125eme, une atmosphère tendue et de la pauvreté également, Wall Street, assis sur un banc, devant les héliports où se pressent les golden boys. Donc quand on est New York, oui, on fait de la musique, concerts, studio, bien sur ! Mais ce que j’affectionne surtout c’est d’aller au musée. Entre autres le Moma, j’y passe à chaque voyage une demi journée. La visite de la collection permanente débute avec un tableau de Gauguin, si c’est Arles, on dirait la Bretagne. Donc comme on est très chauvin, on peut dire que l’Art moderne prend sa source sur les bords de l’Aven. On peut le dire, même sans être chauvin !
D’ailleurs les bretons de là bas, ils sont américains. Ils traduisent notre époque en mêlant les origines et leur quotidien. Un va et vient permanent où le « vivre » semble être au centre. Leurs histoires personnelles sont toutes passionnantes parce qu’elles traduisent ce dont nous avons tous souvent rêvé: partir, tout changer, quitter justement ce costume un peu étroit ou bien trop large, qui nous aide à tenir debout, réapprendre assez sur soi-même et prendre confiance.
Dans tous ces voyages, il y a cette notion de perte de repères, cela peut faire un peu peur, mais justement c’est une belle question à se poser ? Nous avons par exemple observé les baleines dans le Saint Laurent, aperçu un autorail sur le vert d’une prairie tchèque, observé les poissons exotiques dans la mer des caraïbes, avons vu les gosses joué au foot dans la rue en Italie, croisé Johnny Winter en backstage à Ingelmunster, les voyages nourrissent les souvenirs.
Nous allons donc nous rendre à Sydney. Emmelene Landon, m’a souvent parlé de l’Australie. Si le séjour sera court, on prendra au moins une forme de température, c’est toujours une chance.
Quand j’étais ado, j’avais acheté sans connaître un disque vinyle à Morlaix, Une pochette plutôt sanglante d’un groupe de Hard, comme on disait, ou une Gibson SG transperçait
Un petit lutin habillé en écolier. Le titre était très évocateur : « If you want blood, you’ve got it ». Il y a quelques années de cela j’ai vu ACDC en concert à Bercy, c’était the right way to the top ! On se rendait en live vraiment compte du magnifique travail de la section rythmique bien sur, mais aussi de ces riffs implacables tous droits venus d’un mur d’ampli, d’une Gretsch et des doigts de Malcom Young.
Du feeling comme dans un air de Blues.
Fest Rock from Australia, a new kind of Plinn