The Strange Family
Le 5 janvier 2016 nous étions en studio à la salle An Dour Meur de Plestin les Grèves, et finalisions les enregistrements du nouvel album un monde tout à l’envers. Ce disque marquait le retour de Jean Michel au sein du nouveau collectif, et l’arrivée de Pierre et Hibu. Nous étions guidés par l’envie de revenir à une forme de chanson-rock où les mélodies de l’accordéon répondaient à celles du chant, celle de retrouver le « son » du groupe après de nombreuses collaborations avec des musiciens d’ici ou d’ailleurs. Ces dernières nous ont permis de gagner en confiance et d’apprendre à partager une identité sonore au delà d’un simple choix musical ou économique. S’il est vrai que la demande est grande en termes de création, et que ces acquis nous aident à faire force de propositions en direction de labels ou d’organisations du spectacle, nous avons conçu ce nouvel album comme une « signature ». Ce fut une belle aventure, intense, sous le signe du partage, de la complicité et de l’écoute. Le groupe aura 25 ans en juillet prochain, nous avons connu beaucoup de climats différents tout au long du parcours, mais cela n’a entamé en rien ce besoin de renouvellement, cette envie de creuser sans cesse l’idée de mélange des musiques, se faire rencontrer Gus wiser , David Byrne, Muddy Waters et tant d’autres artistes dont nous admirons depuis toujours le travail.
Il y a toujours des références, une construction du musicien, qui font écho à son enfance, à ses premières émotions musicales. Les souvenirs liés à ces « rencontres » restent enfouies et résonnent en nous quand on s’y attend le moins ; d’où l’intérêt de ce second gros projet de l’année Bienvenue répondant à une commande du festival Théâtre à Tout âge organisé par l’association Très Tôt Théâtre.
La rencontre avec l’autrice Karin Serres, aura été notre première collaboration avec un auteur que nous intégrions dans le collectif. Elle m’a conduit à repenser l’écriture, à définir une méthode basée sur l’écoute attentive de l’autre, que ce soit lors de conversations où le sujet est bien ciblé, ou parfois aussi plus anodine, comme un mot ou une expression pris au vol dans le brouhaha d’une conversation de bistrot ou entre amis.
Le rapport aux sens est important, l’odeur, le toucher, la lumière, le goût… autant de pistes à emprunter, se chercher un chemin personnel tout en indiquant la carte, les points de rencontre. Partager cela avec les 5 invités du projet aura été pour nous une nouvelle manière de concevoir l’objet Cardell. Le fait d’écrire tout autant à destination d’enfants de 6 ans que d’adultes, de raconter ces histoires picorées au gré des 500 questionnaires remplis par autant d’inconnus-es, ou des discussions entre nous, aura permis de rechercher une autre manière d’exprimer l’intime. Se dire ensuite que nous allions le partager avec plus de 2500 personnes (enfants comme adultes) sur le département dans le cadre d’un travail de médiation, me semblait comme un poids énorme à porter. J’étais un peu effrayé par le fait de savoir si je pouvais de manière simple traduire tout cela sur scène et sur disque.
Nous avons eu la chance de rencontrer des invités : Iryna, Cynthia, Emmelene, Farid et Jean François, animés par cette même envie de donner sa traduction première au mot « Bienvenue ». De la même manière chacun des intervenants relais sur les 5 territoires, ou des participants aux ateliers, ont mis la notion de partage au cœur de la rencontre.
Les concerts ont été de vrais et d’intenses moments de vie, construits sur l’émotion,
Il y a eu beaucoup de rires, de cris, de chants de danse et quelques larmes de joie et de tristesse quand nous nous sommes quittés le 18 décembre à l’issue de la dernière date de l’année au pavillon.
Nous avons vécu à 14 personnes, musiciens et techniciens (un grand merci à Nico, Ludo, Sam et Stéphane), sur la route pendant deux semaines intenses en cette fin d’année 2016. J’ai pris un plaisir rare, au cours de ces belles soirées passées au gîte, où nous restions toujours sur un fil, à rechercher cet équilibre qui est l’essence même de la notion de groupe.
Ce spectacle va continuer à tourner sur les prochains mois et années, nous vous donnerons toutes les infos prochainement, le temps de mettre en place avec les structures intéressées le rapport entre médiation et concert. Bienvenue va évoluer en fonction des nouveaux lieux où nous nous produirons, de leurs attentes et de leurs envies…
Une nouvelle année se profile. Nous avons de nouveaux projets dans les cartons. Tout d’abord un Fest-Rock II avec le Bagad Kemper. Nous souhaitons avec l’équipe Glazik renouveler le répertoire au 2/3, et redéfinir la couleur musicale. Nous allons donc écrire et composer en ce début d’année des arrangements de traditionnels et de nouvelles créations. Si le Fest-Rock I était à la base un choix de titres déjà existants de nos répertoires mutuels, nous allons ici rechercher plus de combinaisons de sons et de rythmes en commun. C’est un spectacle tout autant qu’un concert, être 60 sur scène, établir ce lien entre énergie visuelle et sonore, nous excite énormément.
Il traduit cette rencontre probable entre l’énergie du groove et la danse. Une gavotte montagne a des airs de funk, un Plinn semble venir de la banlieue de Manchester, une mélodie issue d’une Gwerz épouse un blues rural du delta du Mississipi. La musique est ternaire, le thème est simple ou double dans le langage. Il est construit et respecté dans le jeu musical. Le référent du musicien est le danseur qui rythme la mélodie par un mouvement des pas et du corps conduits pour rechercher « l’être ensemble » la transe.
Une autre de ses caractéristiques, réside dans le fait que la musique très énergique répond à une écriture d’inspiration poétique en français, un va et vient incessant entre la puissance de l’ensemble et la fragilité du sens. Ces deux dernières reflètent, les doutes et certitudes mêlées, d’une navigation sur un monde de différences, de points communs, d’histoires et d’individus. Un petit univers à l’échelle d’un village, d’un groupe de musiciens qui jouent de la musique populaire.
Nous avons pas mal de concerts prévus en 2017, nous allons continuer à défendre un monde tout à l’envers tout en intégrant de nouveaux titres dans le set. Ces nouveaux titres feront l’objet d’un nouvel album que nous aimerions enregistrer au second semestre pour une sortie début 2018. Il y a déjà quelques jolis riffs et mélodies que vous pourrez découvrir sur les concerts à partir du printemps.
Je vous tiens au courant.
Belle année 2017 !