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Le blog de Red Cardell

Le blog de Red Cardell

Ce Blog traîte de sujets décalés par rapport à l'univers du groupe en fonction de son actualité, à travers le regard d'un de ses membres sur son parcours de musicien dans un groupe Pop.


Fromage

Publié par Red Cardell sur 19 Mars 2015, 15:03pm

L’association Très Tot Théâtre connaît depuis quelques mois des difficultés liées à un incident ayant eu lieu lors de la dernière édition du festival Tata. Le spectacle d’ouverture n’a pas plu au maire de la ville, qui l’a fait savoir lors d’un discours filmé par des journalistes présents et relayé par les réseaux sociaux. Le premier magistrat de la commune a critiqué la ligne éditoriale du festival, la jugeant élitiste. Il a argumenté ses propos en considérant que la vocation d’un festival de fin d’année à Quimper, à l’adresse du jeune public, se devait d’être avant tout « populaire » et « accessible ». Des tensions sont nées suite à cet épisode et font aujourd’hui objet de débat au sein de la communauté artistique et politique Quimpéroise. Depuis, le montant des subventions pour les prochaines années, dans le cadre de la convention liant Très Tôt à la municipalité a été revu à la baisse. L’inquiétude grandit tant auprès du personnel que des nombreuses associations et établissements scolaires associés aux projets dans le cadre de la médiation. J’ai participé à deux projets de fin d’année dont je vous ai déjà parlé sur ce blog. Le premier Fest- Rock a été un beau succès populaire avec la participation de 600 enfants des écoles de la communauté d’Agglo. Le bagad Kemper a animé des ateliers de percussion, et nous avions joué ensemble en décembre 2011 devant plus de 5000 personnes. Depuis le fest-Rock rencontre un vrai succès et a été joué dans de belles salles comme Bercy, le Zénith de Nantes, Brest Aréna ou programmé à des festivals prestigieux comme l’Interceltique ou Ortigueira en Espagne. Voir un spectacle réunissant plus de 50 exécutants tourner une vingtaine de fois est plutôt rare, et on ne peut que féliciter Très Tot d’avoir été à son initiative.

Pour Cœur de ville j’ai dirigé artistiquement un projet d’écriture de chanson et un spectacle choral avec Bernard Kalonn sur le parvis de la cathédrale ayant réuni plus de 1600 chanteurs et 5000 spectateurs. Ce fut là aussi une magnifique expérience que d’écouter la chanson « Encre Amer » écrite par le groupe pôle voix et l'APF. Je garde de ces deux projets de magnifiques souvenirs et surtout une autre appréciation du travail dans le cadre de l’institution. La médiation est vraiment une nouvelle voie artistique, la rencontre avec l’autre est au centre du projet et le recentre sur le plan humain.

Nous n’avons avec Cardell que très peu travaillé avec l’institution, notre philosophie de groupe trouve ses origines dans le rock alternatif Français de la fin des années 80. Elle est basée sur l’indépendance et le besoin de maitriser tous les aspects tant artistiques que professionnels du métier de musicien.

En 25 ans de scène nous avons connu seulement deux expériences de ce type. Tout d’abord au Théâtre de Cornouaille pour la création de l’album « Naitre » et du spectacle « Red Cardell fait son bal ». Nous avons beaucoup appris, en particulier dans le domaine de la production de spectacle. Toute l’expérience engrangée alors, nous sert encore aujourd’hui dans nos nouveaux projets. Ce fut la première fois que nous ouvrions le groupe à d’autres, cela aura été essentiel pour la suite d’un parcours, où nous raisonnons aujourd’hui en terme de collectif. Le projet avec Très Tôt, six ans plus tard, nous a aussi permis d’entrer au cœur de la musique Bretonne. Cette nouvelle reconnaissance nous a ouverte de nombreuses portes et permis de faire de très belles rencontres.

Il y a de tout temps eu ce débat sur le rôle de l’institution. Elle intègre le citoyen à la conception même de l’œuvre artistique. Son représentant, l’élu, décide d’une politique durant son mandat. L’association joue le rôle de relais entre institutions locales, nationales, artiste et public. De nombreuses personnes peuvent se sentir exclues : artistes et acteurs professionnels de la région. Naissent alors de frustrations, des rancœurs qui créent un décalage comme on peut le voir, l'entendre et le lire aujourd’hui à Quimper. Nous avons avec le groupe souvent ressenti ce sentiment d'abandon qui nous fait osciller entre paranoïa et amertume. Il faut essayer de le surmonter.

Qui n’a jamais été témoin dans un musée du visiteur commentant une œuvre en disant qu’un enfant pourrait faire la même chose. Suivant le degré de ses propres connaissances on juge une œuvre artistique d’un point de vue esthétique ou alors en la replaçant également dans son contexte historique. On s’ennuie, ou alors on éprouve des sentiments, c’est comme la vie ou le fromage!

La création est subjective, elle traduit notre monde. L’intégrer dans le champs politique demande à nos élus une grande compétence dans le domaine culturel. C’est vrai également dans le sport ou l’économie par exemple. Pompidou a fait beaucoup pour l’art contemporain, Lang pour la musique, il n’ y pas de monopole idéologique du mieux disant culturel. Eastwood est un artiste brillant tout autant que Dylan, leur parcours est parsemé de contradictions qui nous questionnent. Je trouve cela très triste de voir tout un superbe travail remis en cause. On peut ne pas partager les mêmes idées mais se retrouver dans des valeurs humanistes et reconnaître les compétences. L’association Très Tôt Théâtre comme d’autres a fait ses preuves et donne du sens à son projet en mêlant spectacles populaires et théâtre d’avant-garde.

Elle est reconnue aujourd’hui au point de vue national et international, en témoigne la réussite des journées professionnelles, pendant le festival, réunissant les acteurs du spectacle jeune public. Tout un réseau a été mis en place qui permet à de nombreuses compagnies de tourner parfois plusieurs années un spectacle réussi. Jean Claude Paréja son fondateur a soutenu notre groupe dès le début, via le festival du Chaînon manquant en particulier, autre réseau destiné aux musiques actuelles et créé dans les années 90 à Tours. Il nous disait toujours de prendre notre temps, d’avancer prudemment mais régulièrement. Que l’important était de durer, que les choses se mettent naturellement en place lorsqu’il y a du travail et du sens. Le président du Quartier, Centre d’art contemporain à Quimper, Jean Yves Crochemore fut également à l’initiative de « Red Cardell fait son bal » au Théâtre de Cornouaille et nous a fait confiance à un moment crucial de la vie du groupe en 2003.

Il faut sans cesse remettre en cause tous les acquis et… convaincre !

Tenez bon les copains !

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